Chloé est la créatrice de Osage, une marque pleine de douceur et de tendresse. Rencontrée grâce à un groupe d’entrepreneurs, le parcours atypique de cette créatrice de chaussons pour bébés m’a beaucoup plu, et j’ai souhaité en savoir plus sur sa manière de travailler, son quotidien d’entrepreneuse et ses projets.
Peux-tu te présenter en quelques lignes ?
Je m’appelle Chloé, je suis originaire de Granville, une ville située en Basse-Normandie dans la baie du Mont Saint-Michel. Passionnée d’art depuis ma jeunesse, j’ai tout naturellement choisi d’étudier dans ce domaine. Après trois ans aux beaux arts de Brest j’ai obtenu un diplôme national d’art option design et j’ai vécu mes premières réussites comme l’exposition d’une de mes oeuvres au salon international du meuble à Milan.
Après avoir obtenu un diplôme de « visual merchandiser » dans une école de commerce parisienne j’étais enfin prête à travailler. Pourtant, lors d’une exposition j’ai rencontré une créatrice de chaussures et son travail m’a tellement passionné que j’ai pris la décision de reprendre mes études dans une école spécialisée dans la chaussure. Après deux ans de formation et mon diplôme en poche, j’étais fin prête à me lancer dans une nouvelle aventure : l’entreprenariat.
A quel moment as-tu décidé de créer ta petite entreprise ?
Lors d’un stage chez une créatrice, j’ai eu la chance de participer aux différentes phases de réalisation d’une chaussure, de l’élaboration du prototype jusqu’à la réalisation et la mise en vente. Je débordais alors d’imagination et j’ai ressenti le besoin de créer sans aucune contrainte. Fini les « cahiers des charges », le respect du style de la marque, je voulais être libre ! Mon entourage a toujours soutenu mon initiative et même si j’appréhendais un peu ce nouveau défi je me suis lancée et j’ai créé la marque Osage.
Pourquoi des chaussures/chaussons pour enfant ?
J’ai commencé par dessiner et faire produire des modèles pour femmes mais je me suis vite confrontée à des obstacles majeurs notamment les coûts d’assemblage et la forte concurrence sur le marché de la mode pour femmes.
J’ai toujours voulu créer un produit innovant et après de nombreuses recherches je tenais enfin mon idée. On ne se demande jamais d’où vient le cuir que l’on utilise et pourtant on devrait ! L’ensemble du cuir que nous consommons est conçu à partir de produits chimiques comme le chrome et le plomb et de nombreux rapports alarmants pointent du doigt la dangerosité de ces produits pour la santé. Ce constat m’a fait prendre conscience que ce mode de production ne pouvait perdurer et qu’il était de notre responsabilité de proposer une alternative.
Après de longs mois j’ai enfin trouvé un fournisseur de cuir exempt de tout produit chimique. C’est une matière première très peu utilisée et qui coûte cher.
J’ai donc décidé dans un premier temps, de créer des modèles pour enfants. Ils sont les plus sensibles à l’exposition aux produits chimiques et cela m’est apparu primordial de sensibiliser les consommateurs et de faire connaître ma marque et mon engagement aux mamans soucieuses de la qualité des produits qu’elles consomment. Depuis, je dois dire que cet univers me passionne et que les opportunités qu’il offre sont multiples.
Travailles-tu toute seule ou as-tu un/des associés ?
Pour l’instant je travaille seule à la production, dans mon salon où je me suis aménagé un petit atelier. Je commence à avoir pas mal de commandes et à moyen terme je compte faire produire mes chaussons par une entreprise française (rien n’est fait encore). J’aimerais à plus long terme faire des partenariats et pourquoi pas trouver un ou une associé(e) car parfois la solitude me pèse. En attendant je m’amuse à créer d’autres accessoires, notamment des affiches pour les chambres d’enfants des chaussettes, des barrettes etc. Ainsi je me diversifie et cela me permet de faire des rencontres avec des personnes de divers horizons.
Comment réalises-tu les chaussures ? Comment choisis-tu les matières ?
Je commence par doubler le tissu, je le découpe à la bonne taille et je fais de même pour le cuir. Ensuite je réalise des petites coutures aux endroits où il y aura l’élastique (qui permet au bébé de ne pas sans arrêt enlever ses chaussons). Je fais ensuite passer l’élastique que je couds à l’intérieur. Tout est cousu à l’envers puis retourné et assemblé (devant, derrière puis semelle). Je couds ensuite l’élastique sur le devant à la main, je découpe les semelles intérieures dans de la mousse de confort que j ‘assemble avec de la colle végétale. Pour finir je demande de l’aide à mon chéri pour faire les trous qui accueilleront les lacets ! Un peu de papier de soie pour garder une jolie forme pendant l’envoi et voilà !
Tous les chaussons sont intégralement réalisés avec du cuir végétal, c’est un principe directeur dans mes créations !
Une journée typique pour toi c’est…
Je n’ai pas vraiment de journée type, dès que je me lève je réponds aux mails et je fais un tour sur Instagram et Pinterest. Ensuite je n’ai pas d’ordre prédéfini mais je sais que dans ma journée j’ai plusieurs tâches à accomplir : je couds les chaussons, barrettes, attaches tétines… Je peux aussi créer de nouvelles affiches, ou décider de faire un shooting des nouveautés… Il faut aussi aller à la poste pour l’envoi des colis, travailler sur les prochains modèles à venir, chercher des nouveaux cuirs/tissus et également communiquer sur la marque. Une chose est sûre, il y a tout le temps quelque chose à faire ! Même la nuit je continue à penser à Osage !
Quelle est ta vision de l’entreprenariat au féminin ?
L’entreprenariat est pour moi un moyen de concrétiser mes convictions et de travailler sur un projet qui me tient à cœur. Cela me permet aussi, même si la charge de travail est importante, d’avoir une certaine liberté. Etre son propre patron c’est échapper aux structures trop rigides qui peuvent brider la motivation et la créativité. Depuis le lancement d’Osage je déborde d’imagination et d’énergie et mon seul mot d’ordre est : faire ce que j’aime.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans l’entreprenariat ?
J’aime être libre d’organiser ma journée. Même si le travail ne manque pas, les tâches sont diverses et ne se répètent pas comme dans une journée de travail traditionnelle.
De plus je ressens une profonde satisfaction lorsque les efforts que je fournis aboutissent à un résultat qui me plaît et surtout qui plait aux gens qui m’entourent. L’entreprenariat c’est avant tout une histoire qui se partage.
Tes passions ?
La décoration et la cuisine !
Un rêve un peu fou ?
Faire le tour du monde avec mon conjoint et nos enfants !
Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Que ma petite marque grandisse encore et toujours jusqu’à ouvrir un magasin et diversifier au maximum ma gamme de produits. J’aimerais aussi que mon projet ait un impact positif sur la consommation et démocratise l’utilisation de matériaux bio.
Pour découvrir l’univers de Chloé et sa marque Osage
Ses tableaux d’inspiration sur Pinterest
D’autres portraits sur le Journal Walleriana
L’univers de Marie, designeuse et illustratrice