Rencontre avec Lydia, conceptrice des jeux sérieux, temps de lecture approximatif : 6 minutes.
Lydia m’a été présentée il y a quelques temps alors que je cherchais de nouvelles sources d’inspiration pour mes portraits de Wonder Women. C’est via le groupe Facebook 100 Amazones que j’ai découvert ce qu’elle faisait. Son profil m’a tout de suite plu, car atypique, inspirant et porteur d’un message très positif !
Lydia est la fondatrice de Kaperli, une entreprise qui créé des outils de TeamLearning et Serious Plays pour les entreprises et collectivités. Ces jeux sérieux permettent aux salariés de mieux prendre part aux changements de leur entreprise. Et quoi de mieux que le jeu pour créer du lien et de la valeur ? Voici son portrait, chargé d’humanisme et d’espoir dans la conception d’un monde meilleur. On en avait besoin !
Pour moi, l’entreprise doit être un laboratoire où l’on apprend sans cesse, où l’on échange avec les autres dans une perpétuelle remise en question. C’est ainsi que l’on innove et que l’on s’épanouit !
Peux-tu présenter ton parcours en quelques lignes ?
Je m’appelle Lydia, j’ai 36 ans, et je suis fondatrice de Kaperli.
Après des études dans le marketing puis le management de l’innovation, j’ai travaillé quelque temps comme chef de produit junior à Valence. L’usine dans laquelle je travaillais à l’époque pour payer mes études a fermé, et j’ai eu le projet de créer ma propre entreprise, dans un tout autre domaine : le diagnostic de risques domestiques. J’avais 26 ans à l’époque et n’avais aucun diplôme dans ledit domaine. Il s’est très vite avéré difficile, voire impossible de continuer, ne trouvant aucun assureur souhaitant me suivre.
J’ai donc intégré la société Honeywell en tant que remplaçante d’un congé maternité. Leur activité principale consiste à protéger les individus au travail. Mon but en intégrant cette entreprise était de me former afin de retourner à mon projet d’entreprise une fois le CDD terminé. On m’a finalement proposé un CDI et je l’ai accepté. C’était, en quelque sorte, une manière de me prouver que j’étais capable d’avoir un bon job et un certain confort social. Néanmoins, une fois cet objectif atteint, l’effort n’en valait plus vraiment la peine. J’avais assouvi un complexe d’infériorité (seule fille dans une famille composée de 3 frères qui avaient bien réussi dans la vie) et je ressentais désormais le besoin vital de me retrouver.
Explique-nous Kaperli ? En quoi cela consiste-t-il ?
Kaperli, c’est deux personnes. J’ai fondé la structure seule à l’origine.
Notre entreprise accompagne les changements dans l’entreprise à travers des Serious games, ou jeux sérieux. On traduit des présentations PowerPoint en Expériences pour sensibiliser les gens, leur faire passer des messages ou encore leur transmettre les valeurs de l’entreprise dans laquelle ils travaillent. Nous créons aussi des jeux sur-mesure en fonction des demandes des entreprises.
Nous intervenons dès lors qu’il y a beaucoup d’humains !
Nos jeux sérieux sont auto animés, auto portés au sein de l’entreprise. Je n’interviens que lors de séminaires pour lesquels il est nécessaire d’avoir un feedback important ou des approches complémentaires. Nous intervenons parfois pour fluidifier les échanges mais les groupes restent autonomes. Notre objectif est de les responsabiliser sur ce qu’ils veulent pour leur entreprise et pour quelles raisons. Il n’y a pas de dictat de la bonne conduite.
Pourquoi ce concept de jeux sérieux ?
Les moyens actuellement utilisés en entreprise ne permettent pas aux gens de s’approprier le message véhiculé. Bien souvent, ils ne sont pas acteurs des changements qu’on leur demande. Les formations restent très théoriques et peu opérationnelles : le TeamLearning et les jeux sérieux apportent cette contextualisation car ce sont les collaborateurs au plus près du terrain qui vont s’emparer collectivement des problématiques pour les résoudre grâce à cette approche. L’intelligence collective est le meilleur garant d’une entreprise apprenante.
Kaperli réinvente les moyens utilisés afin que les réunions soient efficaces, notamment en proposant aux participants des activités communes qui leur donnent envie de s’engager.
Pour cela, on utilise les sens, le toucher, et pas seulement de l’auditif et du verbal comme c’est bien souvent le cas en entreprise. La mémorisation est basée sur la mobilisation des sens, qui permet de mieux s’approprier les messages. Il faut que le corps et l’esprit soient en mouvement.
Les gens ne se parlent plus en entreprise, à part à la machine à café, le reste n’est fait que de « produire, produire et réunions ». A travers nos jeux sérieux, la créativité de chacun est libérée. Le jeu en lui-même va forcer la parole : les individus vont parler en leur nom propre et non au nom de leur fonction.
Comment t’est venue l’idée des jeux sérieux ?
Chez Honeywell, une partie de mon activité consistait à mettre en place des formations et j’avais adoré ça ! Combiné au fait que j’ai reçu une éducation qui laissait une autre place à l’apprentissage (j’ai reçu une éducation alternative à l’école Steiner), j’avais ressenti le besoin de me libérer de cette approche qui veut que l’on soit un robot en entreprise. Pour moi, l’entreprise doit être un laboratoire où l’on apprend sans cesse, où l’on échange avec les autres dans une perpétuelle remise en question. C’est ainsi que l’on innove et que l’on s’épanouit !
Les gens ne se parlent plus en entreprise, à part à la machine à café, le reste n’est fait que de « produire, produire et réunions ».
L’adulte sérieux que j’étais devenu en entreprise s’est reconnecté avec la petite fille que j’étais et qui aimait apprendre. Le monde de l’entreprise doit être moins sérieux, plus dynamique, plus ouvert, il doit être un laboratoire d’expériences où les gens peuvent continuer d’apprendre.
A qui s’adressent les jeux sérieux ?
Les jeux sérieux de Kaperli s’adressent aux PME et grands groupes (Vacanciel, Carrefour, Sanofi, Allianz sont certains de nos clients par exemple). En bref, nous intervenons dès lors qu’il y a beaucoup d’humains !
Quels sont tes projets en cours ou à venir ?
A court terme, nous souhaitons développer de nouveaux thèmes tels que qualité de vie au travail, alimentation, prise de recul, méditation, ou encore engagement social…
Nous avons d’autres projets en tête mais pour l’instant, cela reste confidentiel…
Une journée typique pour toi c’est…
Arriver au boulot et croiser le sourire de ma collègue ! Pour le reste, je n’ai pas vraiment de journée typique. Nous gérons des milliers de choses différentes.
Une partie de la journée on créé des prototypes de jeux (on colle, on coud, c’est très manuel !), on va sur internet, on va dans les magasins acheter des choses, on se nourrit, on teste les jeux. Tout cela est multisensoriel ! Nous travaillons dans une pépinière et nous échangeons beaucoup avec nos co-workers pour trouver des supports différents.
L’autre moitié de la journée est généralement consacrée aux rdv commerciaux, téléphoniques administratif etc… Je m’estime très heureuse d’avoir la première moitié de journée dédiée à la création !
Certains jours sont consacrés entièrement à des animations, séminaires, workshops de co-création etc.
Un petit rituel pour te mettre les idées au clair ?
Je mets le nez dans des livres d’inspiration, des livres d’exercice, et parfois, le simple fait de regarder des jeux peut m’aider à me mettre les idées au clair ! Je bouge, je me lève, je regarde les bouquins dans le couloir…
Quelle était ta vision de la femme entrepreneur avant de te lancer dans cette aventure ?
J’avais beaucoup de respect pour ces femmes, j’étais assez ébahie par leur capacité à tout gérer. Ca avait l’air d’être dur, courageux. Ces femmes m’inspiraient énormément et j’avais très envie de faire pareil !
Elles respiraient l’indépendance, l’épanouissement, l’accomplissement de soi. Quand j’y repense, cette vision était quelque peu naïve. Je m’aperçois évidemment que j’étais loin de la réalité.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans l’entrepreneuriat ?
L’indépendance dans le sens rapidité d’exécution. Tu as le pouvoir d’avancer vite, ça ne prend pas six mois pour valider un truc ! Tu veux quelque chose, tu y vas et tu délivres de la valeur de manière beaucoup plus simple et efficace. Alors certes, tu restes néanmoins redevable (vis-à-vis de tes clients notamment) et tu dois apprendre à gérer ton stresse. Néanmoins, tu n’es pas entravé par des questions administratives. Tu n’as pas à passer ta vie à te justifier et tu ne perds pas la moitié de ton temps à rendre des comptes. Je peux dépenser mon énergie à 100% pour faire des choses concrètes. C’est une véritable libération !
Le revers de cette indépendance est qu’il faut savoir tout faire, mais c’est aussi le plus enrichissant ! Je m’affranchis, non pas des autres, mais des lourdeurs administratives de la structure. Je fais tourner l’équipe comme je le sens, je choisis la taille de la structure, les procédures, l’organisation…
Et par-dessus tout, j’adore rencontrer des gens qui me portent, avec qui je peux échanger.
Quelles difficultés rencontres-tu dans ton quotidien d’entrepreneur ?
La mauvaise surprise : l’administratif, qui tue la créativité.
Il faut être assez libre, ne pas avoir le cerveau préoccupé pour pouvoir créer de manière efficace. Or le quotidien de l’entrepreneur a tendance à éroder cette capacité créative.
C’est très difficile d’allier l’entrepreneuriat pur, qui nécessite beaucoup d’administratif, et la créativité. Il faut être assez libre, ne pas avoir le cerveau préoccupé pour pouvoir créer de manière efficace. Or le quotidien de l’entrepreneur a tendance à éroder cette capacité créative. Il m’arrive de rester chez moi sans ordinateur et de me mettre direct dedans.
C’est le matin que tu es le plus créatif. Si tu regardes tes mails, il y a toujours un truc qui va te stresser et tuer ta créativité. On n’est pas née wonder women, on ne sera jamais parfaite, il faut juste trouver le bon équilibre.
Tes passions ?
M’évader en jouant avec mes enfants, en faisant du sport, en voyageant. Ces trois piliers me permettent de trouver un équilibre dans ma vie.
Un rêve un peu fou ?
Je rêve d’un monde où les entreprises seraient des lieux de vie, une sorte d’écosystème où les adultes contribueraient à la société et où des passerelles existeraient pour que les enfants soient plus proches de leurs parents. Le décloisonnement en entreprise permettrait de créer du lien entre les générations. Après tout, nous ne sommes pas faits pour vivre deux vies parallèles.
Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
De belles rencontres. Je me nourris des rencontres humaines !
Où trouver les jeux sérieux de Kaperli :
Les jeux sérieux de Kaperli sur les réseaux sociaux
Le site internet de l’entreprise
Prendre contact
lm@kaperli.fr
Adresse postale : 1 rue Marc Seguin, BP 16 100, 26 958 Valence Cedex 9
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