Nous avons rencontré Alexis Assoignon, l’une des deux créatrices derrière la marque made in France Les Sublimes, engagée dans la mode éco-responsable. Alexis est une Wonder Woman venue du Canada pour s’installer dans le pays de ses rêves : la France. Avec son associée Kachen, elles se sont lancées dans l’aventure entrepreneuriale dans l’espoir de marquer un tournant important dans l’industrie de la mode. Ensemble, elles ont créé Les Sublimes, cette jolie marque made in France 100% responsable et transparente à la philosophie altruiste.
Alexis nous dévoile ici l’envers de la création d’entreprise et sa vision du métier, entre difficultés à allier vie professionnelle et vie privée, grandes joies et peurs viscérales liées à l’entrepreneuriat.
Peux-tu présenter ton parcours en quelques lignes ?
Je m’appelle Alexis, je suis Canadienne. Enfant, je venais souvent en France, et j’ai eu l’envie de m’y installer vraiment plus tard. J’ai posé mes valises pour une année entière en avril 2005 et ce fut ma meilleure année !
… on peut être une grande entreprise et malgré tout faire de très belles choses en accord avec notre environnement. Cette expérience m’a beaucoup inspirée…
J’ai ensuite travaillé dans la mode à New-York mais lorsque la marque a fermé, je me suis retrouvée sans travail. Plus rien ne me retenait et je savais que je voulais revenir en France avant mes 30 ans !
Dans un premier temps, je suis rentrée à Vancouver pour mettre un peu d’argent de côté avant de revenir en France. J’ai travaillé pour une entreprise spécialisée dans les voyages d’aventures. J’y ai appris que l’on peut être une grande entreprise et malgré tout faire de très belles choses en accord avec notre environnement. Cette expérience m’a beaucoup inspirée et c’est probablement ce qui m’a lancée.
Explique-nous comment « Les Sublimes » a été créée ?
Kachen, mon associée, et moi nous sommes rencontrées en France en 2005 lorsque je suis venue y vivre pour la première fois. Nous sommes restées amies par la suite, et avons décidé de partir découvrir le Népal ensemble.
Nous étions toutes les deux sans emploi, nous partagions les mêmes idées et, ensemble, nous avons décidé de monter une entreprise de vêtements, respectueuse à tous les niveaux (environnement, conditions de travail, matières premières etc) : une entreprise entièrement transparente, engagée dans la mode éco-responsable.
Le voyage est un très bon test pour apprendre à connaître les gens. On révèle généralement notre vraie nature dans des situations loin de notre zone de confort et des sentiers battus. Ce voyage a marqué le début d’une grande aventure !
Nous avons passé 9 mois à travailler sur le projet entre planning, étude de marché, voyages… Kachen, mon associée a eu un bébé entre temps, ce qui a un peu ralentit la progression de notre projet. L’eshop a été lancé en ligne en novembre 2016, après une campagne de crowdfunding sur Indiegogo qui a très bien fonctionné !
Pourquoi avoir choisi la France comme terrain où monter ton entreprise ?
J’ai bien pensé à m’installer au Canada mais premièrement, c’est plus facile et moins coûteux de commencer en France.
Deuxièmement, le marché de ce que l’on appelle la « sustainable fashion » (la mode éco-responsable, éthique, basée sur une consommation durable et écologique) est nouveau en France donc il y a de la place pour une nouvelle entreprise (par contre, comme le marché est nouveau, il s’agit de convaincre les populations d’acheter plus équitable, même si cela coûte nécessairement plus cher, et c’est loin d’être évident !).
Ensuite, avoir une marque française est un gros avantage sur le marché international.
Enfin, et surtout, parce-que la France est le plus bel endroit du monde !
Pourquoi avoir créé ta propre entreprise de mode éco-responsable ?
… j’ai toujours trouvé que travailler pour soi plutôt que pour quelqu’un d’autre était bien plus libérateur et valorisant !
Je n’ai jamais eu l’impression de rentrer dans des cases. Aucun parcours professionnel ne me satisfaisait réellement. Et puis j’ai commencé à me poser des questions lorsque j’achetai mes vêtements : que ferais-je différemment si je le pouvais ? Comment faire pour améliorer mon environnement ? Ce n’est qu’une question de temps avant que toutes ces questions ne te rattrapent et un jour, tu te lances !
Mes parents étaient entrepreneurs et ils ont tout fait pour que je ne les suive pas dans cette voie ! Mais j’ai toujours trouvé que travailler pour soi plutôt que pour quelqu’un d’autre était bien plus libérateur et valorisant !
Monter ma propre entreprise était un moyen de réunir toutes les choses que je voulais dans ma vie : aider les gens + travailler dans l’univers de la mode + avoir une certaine liberté.
A qui s’adresse « Les Sublimes » ?
Les filles qui s’habillent chez Les Sublimes ne sont pas de grandes militantes mais elles aiment faire attention à leur mode de vie.
« Les Sublimes » s’adresse principalement à des jeunes femmes sensibles à l’univers de la mode et aux problématiques que cet univers transporte. Ce sont souvent des femmes qui veulent faire quelque chose pour l’environnement à leur échelle, mais ne savent pas par où commencer. Commencer par faire attention à ce que l’on porte, à vérifier où, comment, et dans quelles conditions telle pièce a été fabriquée est une première approche simple et efficace.
Les filles qui s’habillent chez Les Sublimes ne sont pas de grandes militantes mais elles aiment faire attention à leur mode de vie. Elles aiment voyager, manger bio, faire du yoga, bref, améliorer un peu leur bien-être par de petites choses simples et peu contraignantes au quotidien.
Quels sont vos projets à venir/en cours ?
Nous aimerions créer une sélection d’essentiels, des basiques que l’on garde longtemps et dont on ne se lasse pas, qui trouvent leur inspiration dans les voyages. Des choses simples, jolies, éthiques, au prix juste.
Le top croisé dans le dos Tokyo (disponible aussi en blanc et en noir)
Le t-shirt Stockholm (disponible aussi en rose poudré et en noir)
Une journée typique pour toi c’est…
Chaque jour est différent car nous travaillons sur tellement de sujets variés ! Qui plus est, je continue de travailler comme serveuse dans un restaurant. Je n’ai donc pas une minute de repos !
Nous faisons un peu de communication sur les réseaux sociaux, nous répondons aux mails. Il y a aussi la préparation des photo shooting, répondre aux blogueuses, améliorer le site internet, travailler sur les sujets importants du moment, rencontrer des gens, se laisser distraire par des articles intéressants dans notre branche… !
Et chaque matin, je me dis « ce soir je me couche tôt » mais je n’y suis pas encore parvenue…
La robe Buenos Aires croisée dans le dos
As-tu un rituel pour te mettre les idées au clair ?
Avant je faisais un peu de yoga mais je ne parviens plus vraiment à trouver le temps.
Il m’arrive de regarder un peu de Netflix pour me vider la tête !
Par moments, je lis des articles ou écoute des podcasts sur « l’empowerment » (le pouvoir, l’émancipation, prendre sa destinée en main). Ca m’aide beaucoup.
Quelle était ta vision de la femme entrepreneur avant de te lancer dans cette aventure ?
Je voyais l’entreprenariat comme du « long term freedom », une forme de liberté sur le long terme. Mais en réalité, on ne sait pas ce que c’est de travailler comme une dingue, la pression, le stresse, survivre ou mourir (pour l’entreprise), les responsabilités… avant de se lancer corps et âme dans cette voie. Et puis tu veux que tes amis et ta famille soient fiers de toi, tu ne veux pas les décevoir.
Le fantasme de la « femme entrepreneur super glamour » me fait beaucoup rire. Je suis tellement épuisée que j’ai l’impression de ne plus ressembler à rien, mon appartement est en bazar permanent, ma vie n’a ni queue ni tête ! « Everything is a mess ! »
Les filles qui se prennent en photo à Saint Barth devant des maisons de rêve, des plages de rêve… On est bien loin de la réalité !
Ma réalité est nettement moins glamour et c’est malheureusement le cas d’une grande majorité d’entrepreneuse. Si tu penses que monter ton entreprise va être un dur labeur… Eh bien tu es loin du compte, c’est encore plus dur ! Mais en même temps, ça vaut tellement le coup car on est fier du travail accompli !
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans l’entreprenariat ?
…tous les retours positifs que tu reçois te font te sentir extraordinaire !
J’adore mon boulot. Tout ce que je fais chaque jour est mille fois mieux que ce que je ferais si j’étais ailleurs, y compris les choses les plus ennuyeuses.
En tant qu’entrepreneur, tu n’as jamais l’impression de perdre ton temps, tu apprends tellement de choses, tu fais ce en quoi tu crois profondément et tous les retours positifs que tu reçois te font te sentir extraordinaire !
Quelles difficultés rencontres-tu dans ton quotidien d’entrepreneur ?
Le fait de n’avoir le temps de rien faire à titre personnel, c’est très difficile d’entretenir une vie sociale active, surtout au début. Et le fait d’avoir très peu d’argent…
Le stresse permanent.
La peur d’échouer qui te colle à la peau.
Les gens qui questionnent sans cesse ce que tu fais, te disent comment tu devrais faire les choses différemment jusqu’à ce que, à la fin de la journée, tu sois complètement perdue et que tu remettes tes propres choix en question…
Tes passions ?
Les voyages (lorsque j’ai le temps !)
Un rêve un peu fou ?
Quitter ce monde de fou et vivre en retrait dans un endroit plus simple, loin de la ville, à la campagne peut-être ou dans un refuge pour animaux.
J’adorerais être un yoggi et tester les expériences hors du corps !
Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Que « Les Sublimes » trouve son rythme de croisière, et que moi, je trouve un équilibre entre travail et vie personnelle.
Où trouver les vêtements Les Sublimes ?
Retrouvez l’intégralité de la collection sur le site en cliquant sur le lien Les Sublimes.
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Leur blog (en anglais)
